Acheter en France quand on est expat, l’histoire est toujours la même : vous trouvez la perle rare en ligne, mais entre les décalages horaires, les documents à faire traduire et la banque qui demande une énième attestation, le bien vous passe sous le nez et la frustration monte. Pourtant, ce n’est pas une fatalité. Réussir son achat à distance est tout à fait possible avec la bonne méthode : un dossier en béton, un plan de financement carré et les bons relais sur place, que ce soit pour ce pied-à-terre qui vous fait rêver, pour préparer votre retour ou pour un premier investissement locatif.
Sommaire
Les points clés à retenir :
- Préparez un dossier de financement irréprochable : les banques françaises exigent des justificatifs complets (identité, revenus, domicile), souvent traduits et authentifiés par apostille ou légalisation, pour satisfaire aux règles anti-blanchiment (KYC/AML).
- Anticipez des conditions de financement plus strictes : un apport personnel de 20 % à 40 % est souvent la norme, le taux d’endettement est plafonné à 35 %, et l’assurance emprunteur peut nécessiter une délégation spécialisée si vous résidez hors de l’Union Européenne.
- Maîtrisez la recherche et l’audit à distance : pofitez des visites vidéo et mandatez un chasseur immobilier pour les marchés tendus. L’analyse critique des documents (DPE, procès-verbaux d’AG de copropriété, règles d’urbanisme) est indispensable avant toute offre.
- Sécurisez la transaction avec des clauses suspensives robustes : celle de l’obtention du prêt est la plus importante. Soyez extrêmement vigilant sur les délais légaux qui sont incompressibles et ne tiennent pas compte du décalage horaire.
- Finalisez l’achat 100 % à distance grâce à la procuration authentique : vous pouvez signer ce mandat par visioconférence sécurisée avec un notaire français, autorisant un clerc de l’étude ou un proche à signer l’acte de vente final à votre place, sans avoir à vous déplacer.
Vous souhaitez planifier le financement d’un projet immobilier ? Profitez dès à présent d’un rendez-vous sur-mesure avec l’un de nos conseillers qui saura vous guider dans vos différentes options d’investissements. Je réserve mon créneau !
Dossier de financement : les pièces exigées aux non-résidents
Pour une banque française, un client non-résident représente une complexité administrative accrue. Elle doit se conformer à des règles strictes de connaissance client (KYC – Know Your Customer) et de lutte contre le blanchiment d’argent (AML – Anti-Money Laundering). Votre dossier n’a donc pas le droit à l’erreur : il doit être complet, limpide et authentifié. C’est la première étape non négociable pour sécuriser votre projet.
La checklist des documents indispensables (KYC)
Anticipez et rassemblez des copies numériques de tous les documents suivants. Si les originaux ne sont pas en français, une traduction par un traducteur assermenté sera indispensable.
- Pièces d’identité : Passeport en cours de validité de tous les emprunteurs.
- Justificatif de domicile actuel : Une facture récente (électricité, internet, etc.), un bail de location ou une attestation officielle de résidence de moins de 3 mois.
- Justificatifs de revenus : contrat de travail, 3 à 6 derniers bulletins de paie et dernier avis d’imposition dans le cas d’iun salarié. Documents d’enregistrement de l’entreprise, bilans comptables des 2 ou 3 dernières années en tant qu’indépendant ou entrepreneur.
- Relevés bancaires : Les 3 à 6 derniers mois de tous vos comptes courants et d’épargne, prouvant la constitution de votre apport et la bonne gestion de vos finances.
- Attestation de l’employeur : Un document récent confirmant votre poste, votre ancienneté et votre salaire.
Apostille et Légalisation : comment authentifier vos documents étrangers ?
Pour qu’un document public émis à l’étranger (comme un acte de naissance ou un certificat de mariage) soit accepté en France, son authenticité doit être certifiée. Deux procédures existent selon votre pays de résidence.
- Si votre pays a signé la Convention de La Haye : l’Apostille. Il s’agit d’un cachet apposé par une autorité désignée dans votre pays qui certifie l’origine du document. Vous pouvez vérifier si votre pays de résidence fait partie des signataires sur le site de la Convention.
- Pour les autres pays : la Légalisation. Il s’agit d’une chaîne de certifications, vous devez d’abord faire valider le document par les autorités locales compétentes, puis vous rendre au consulat ou à l’ambassade de France de votre pays pour obtenir le cachet final. Anticipez bien cette démarche, car elle peut prendre plusieurs semaines.
Financer son crédit immobilier : quelles sont les conditions à remplir ?
Les banques françaises sont soumises à des régulations strictes, elles évaluent les dossiers de non-résidents avec une prudence accrue.
Apport personnel, taux d’endettement et durée
Votre profil sera analysé selon trois facteurs, avec des conditions plus sévères que pour un résident fiscal français.
- Le taux d’endettement à 35 % maximum : la norme est fixée par le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) et s’applique à tous. Votre taux d’endettement, qui inclut le futur crédit et son assurance, ne doit généralement pas dépasser 35 % de vos revenus. Si des dérogations existent, elles sont rarement accordées aux profils non-résidents.
- L’apport personnel de 20 % à 40 % selon votre profil : pour se prémunir contre les risques (fluctuation des devises, complexité de recouvrement à l’étranger), les banques exigent un apport conséquent.
- La durée du prêt qui peut se limiter à 20 ans : bien que la durée maximale légale soit de 25 ans, les banques préfèrent accorder des prêts plus courts aux non-résidents, avec une durée plafonnant fréquemment à 20 ans.
L’assurance emprunteur : le point de blocage à anticiper
L’assurance emprunteur est obligatoire pour obtenir un prêt. C’est un obstacle majeur pour les expatriés, car les contrats groupe des banques françaises refusent souvent de couvrir les personnes résidant dans des pays jugés « à risque » (système de santé, stabilité politique).
La solution est la délégation d’assurance. Elle vous permet de souscrire un contrat auprès d’une compagnie externe spécialisée dans les profils expatriés. N’attendez pas l’offre de prêt pour vous en occuper. Les formalités médicales peuvent être longues et un refus d’assurance bloque automatiquement le financement.
Accompagnement gratuit
Vous souhaitez planifier le financement d’un projet immobilier ? Profitez dès à présent d’un rendez-vous sur-mesure avec l’un de nos conseillers qui saura vous guider dans vos différentes options d’investissements. Je réserve mon créneau !
Recherche et visite : comment trouver et valider un bien depuis l’étranger ?
Repérer l’appartement ou la maison de ses rêves sur un portail en ligne est une chose ; s’assurer qu’il ne cache aucun défaut majeur depuis l’autre bout du monde en est une autre. Heureusement, des solutions existent pour agir vite et bien, même à des milliers de kilomètres.
Le chasseur immobilier : votre allié sur le terrain
Un chasseur immobilier est un professionnel qui travaille exclusivement pour l’acheteur. Sa mission : trouver le bien idéal, y compris parmi les propriétés « off-market » (non visibles du grand public), le pré-visiter, et négocier le meilleur prix.
Quand est-ce vraiment pertinent ? Déléguer cette mission devient stratégique dans plusieurs cas :
- Si vous manquez de temps : jongler avec les fuseaux horaires et un agenda chargé rend la recherche intensive quasi impossible.
- Si vous visez un marché tendu : à Paris, Lyon, Bordeaux ou sur la Côte d’Azur, les meilleures affaires partent en quelques heures. La réactivité d’un professionnel sur place est un avantage décisif.
- Si vous réalisez un investissement locatif : un bon chasseur connaît la demande locale, les rendements et les quartiers à potentiel, optimisant ainsi votre projet.
Le coût, généralement entre 2 et 4 % du prix du bien, est souvent compensé par une négociation plus efficace et l’accès à des opportunités que vous n’auriez jamais vues.
L’audit à distance : les points de vigilance
La technologie a rendu les visites à distance fiables et efficaces. Une visite en direct par visioconférence vous permet de poser des questions en temps réel et de demander à voir des détails précis (murs, plafonds, finitions).
Mais la visite virtuelle ne suffit pas. L’audit d’un bien repose sur l’analyse de documents clés. Voici votre checklist indispensable pour une pré-expertise à distance :
- Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) : c’est le point de vigilance numéro un. Une mauvaise note (F ou G) peut entraîner une interdiction de location et l’obligation de travaux de rénovation coûteux.
- Les documents de la copropriété : demandez systématiquement les 3 derniers procès-verbaux (PV) des assemblées générales. Ils révèlent les travaux votés ou à venir (ravalement de façade, toiture…), l’état des finances de l’immeuble et l’ambiance générale.
- Le montant des charges de copropriété : il impacte directement votre budget mensuel ou la rentabilité de votre investissement.
- Les documents d’urbanisme : un rapide contrôle du Plan Local d’Urbanisme (PLU) en mairie peut vous informer sur d’éventuels projets de construction voisins ou des servitudes qui pourraient affecter la valeur du bien.
De l’offre d’achat au compromis de vente : sécuriser votre acquisition
Une fois le bien idéal identifié et audité, la phase de contractualisation commence. Pour un expatrié, la rigueur est de mise car la distance complexifie la communication et la réactivité. C’est ici que les clauses et les délais deviennent vos meilleurs alliés.
L’offre d’achat et l’accord de principe : un duo gagnant
Pour qu’une offre d’achat émise depuis l’étranger soit prise au sérieux, elle doit être crédible. Joignez-y systématiquement une simulation bancaire ou un accord de principe obtenu lors de l’étape 2. Ce document prouve au vendeur que votre plan de financement est solide et réfléchi, ce qui vous positionne comme un acheteur fiable malgré la distance.
Les clauses suspensives : votre protection en tant qu’acheteur
Le compromis de vente est l’avant-contrat qui scelle l’accord entre vous et le vendeur. Il engage les deux parties, mais doit surtout vous protéger en tant qu’acheteur grâce aux clauses suspensives. Leur principe est simple : si une condition essentielle n’est pas remplie dans un délai défini, la vente est annulée et vous récupérez votre dépôt de garantie sans pénalité.
Voici les clauses à ne jamais oublier :
- La condition suspensive d’obtention de prêt : c’est la plus importante. Elle stipule que la vente n’aura lieu que si vous obtenez votre crédit. La clause doit préciser le montant, la durée et le taux d’intérêt maximum du prêt que vous sollicitez.
- Les conditions liées à l’urbanisme : elles vous protègent contre les mauvaises surprises comme une servitude cachée (un droit de passage par exemple) ou l’impossibilité d’obtenir un permis de construire si vous prévoyez des travaux.
- L’absence de préemption : elle garantit que la collectivité locale (la mairie, par exemple) ne fera pas valoir son droit d’acheter le bien en priorité à votre place.
Maîtriser les délais légaux : rétractation et conditions suspensives
Attention : les délais légaux français sont stricts et courent que vous soyez à Paris ou à Singapour. La gestion des décalages horaires est cruciale.
- Le délai de rétractation de 10 jours : une fois le compromis de vente signé et notifié, vous disposez de 10 jours calendaires pour changer d’avis sans avoir à vous justifier. Ce décompte commence le lendemain de la réception du compromis. C’est votre dernière porte de sortie « libre ».
- Le délai de réalisation des conditions suspensives : le compromis fixe une date butoir (généralement 45 à 60 jours) pour lever les conditions, notamment celle de l’obtention du prêt. Vous devez être extrêmement réactif avec votre banque durant cette période pour prouver que vous avez accompli toutes les démarches nécessaires en temps et en heure.
Signature chez le notaire : finaliser votre achat 100% à distance
Le mythe de l’obligation de prendre un vol long-courrier pour signer chez le notaire est tenace. Heureusement, la réalité juridique est aujourd’hui plus simple et plus moderne. Depuis 2020, il n’est plus nécessaire d’être physiquement présent pour finaliser votre achat grâce à une procédure 100 % dématérialisée et sécurisée : la procuration authentique par comparution à distance.
Attention à ne pas confondre : vous ne signez pas l’acte de vente final en visioconférence. Le principe est de donner le pouvoir, via cet acte authentique, à une personne de confiance en France « le mandataire » qui signera physiquement l’acte de vente final à votre place, dans l’étude du notaire.
Pour désigner ce mandataire, deux options sont courantes :
- La plus simple et la plus sûre est de choisir un clerc de l’étude notariale. C’est une solution impartiale, habilitée et qui ne génère pas de frais supplémentaires.
- L’autre option est de mandater un proche de confiance (famille, ami), ce qui implique une confiance absolue, car cette personne vous engage juridiquement et financièrement.
Le processus se déroule via une visioconférence sécurisée avec votre notaire. Durant cet échange, il vérifiera votre identité, vous lira l’intégralité de la procuration pour s’assurer de votre consentement, et répondra à toutes vos questions. Vous apposerez ensuite votre signature grâce à un système électronique qualifié.
Ce processus, qui peut être organisé en quelques jours, a un coût réglementé tout à fait comparable à une procuration classique. C’est donc une solution bien plus économique et rapide qu’un billet d’avion, qui sécurise juridiquement la transaction finale.
Après l’achat : optimiser votre investissement locatif
Votre acquisition est finalisée, bravo ! Si votre objectif est la location meublée, le statut de Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP) est une option fiscale très intéressante, entièrement accessible aux non-résidents.
La règle fondamentale à retenir est que vos loyers issus d’une location meublée ne sont pas des « revenus fonciers » mais sont imposés en France dans la catégorie des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC). Ce changement de catégorie ouvre le choix entre deux régimes d’imposition.
- Le régime Micro-BIC (simplifié) ; si vos recettes locatives annuelles sont inférieures à 77 700 €, vous bénéficiez par défaut de ce régime. L’administration fiscale applique un abattement forfaitaire de 50 % sur vos loyers bruts. Vous êtes donc imposé sur les 50 % restants. C’est simple, mais rarement le plus avantageux.
- Le régime Réel (optimisé) : sur demande, vous pouvez opter pour ce régime. Il vous permet de déduire l’ensemble de vos charges réelles.Le mécanisme d’amortissement comptable du bien immobilier et du mobilie permet, dans la plupart des cas, de réduire votre résultat fiscal à zéro pendant de nombreuses années, et donc de ne payer aucun impôt sur vos loyers.
La France a signé des conventions fiscales avec de nombreux pays pour éviter la double imposition. En général, les revenus de votre bien immobilier sont d’abord imposés en France. Consultez la convention entre la France et votre pays de résidence pour savoir comment ces revenus seront ensuite traités (crédit d’impôt ou exonération).
En plus de l’impôt sur le revenu, des prélèvements sociaux sont dus. Leur taux dépend de votre affiliation à un régime de sécurité sociale :
- Si vous êtes affilié dans un pays de l’Espace Économique Européen (EEE) ou en Suisse, vous êtes redevable du prélèvement de solidarité de 7,5 %.
- Dans les autres cas (résident hors EEE/Suisse), le taux plein de 17,2 % s’applique.
Accompagnement gratuit
Vous souhaitez planifier le financement d’un projet immobilier ? Profitez dès à présent d’un rendez-vous sur-mesure avec l’un de nos conseillers qui saura vous guider dans vos différentes options d’investissements. Je réserve mon créneau !
Les questions les plus posées
Non, ce n’est pas nécessaire à ce stade. Vous devrez simplement prouver l’existence des fonds sur vos comptes à l’étranger. Le rapatriement de l’apport se fera plus tard, juste avant la signature finale, en coordination avec le notaire.
Pour une résidence secondaire ou un premier investissement locatif simple, l’achat en nom propre est souvent plus facile. La SCI (Société Civile Immobilière) devient pertinente pour des projets complexes, de la transmission de patrimoine ou des achats à plusieurs, mais sa gestion est plus lourde pour un non-résident.
Certaines banques proposent des options de couverture de change, mais elles sont rares et coûteuses. La stratégie la plus courante est de conserver une épargne en euros équivalente à plusieurs mensualités de crédit pour faire face à une éventuelle forte dévaluation de votre devise locale.
Oui, le processus est différent. Vous signez un contrat de réservation au lieu d’un compromis, et le paiement se fait par appels de fonds successifs au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Les garanties pour l’acheteur sont également spécifiques (garantie de parfait achèvement, etc.).
Vous devrez vous acquitter de la taxe foncière chaque année, que le bien soit loué ou non. Si vous y habitez (même occasionnellement), vous devrez aussi payer la taxe d’habitation sur les résidences secondaires.