Vous cherchez un placement pour préparer votre retraite, mais vous hésitez entre plusieurs enveloppes fiscales ? C’est normal, sans une stratégie claire, vous risquez de bloquer votre argent inutilement ou de rater de puissants leviers fiscaux. Nous analysons en détail dans cet article le fonctionnement du Plan d’Épargne Retraite (PER) et son atout maître face à la baisse des pensions. Vous saurez exactement si le PER est fait pour votre profil fiscal et comment l’utiliser pour réduire vos impôts tout en sécurisant votre avenir financier.
Sommaire
Les points clés à retenir :
- Le PER unifie l’épargne retraite : né en 2019, il remplace les anciens contrats (PERP, Madelin, etc.) et offre plus de souplesse, notamment avec la possibilité de sortir en capital à 100%.
- Un levier fiscal puissant à l’entrée : les versements volontaires sont déductibles du revenu imposable, permettant une économie d’impôt immédiate proportionnelle à votre TMI.
- Une épargne bloquée mais disponible en cas de besoin : l’argent est bloqué jusqu’à la retraite, sauf pour l’achat de la résidence principale ou en cas d’accident de la vie (chômage, invalidité, décès, etc.).
- Trois compartiments pour tous les flux : le PER se décline en individuel (versements volontaires), collectif (épargne salariale) et obligatoire (cotisations employeur), chacun avec ses règles spécifiques.
- Complémentarité avec d’autres placements : le PER s’intègre dans une stratégie globale, aux côtés de l’assurance-vie ou d’un PEA selon votre profil fiscal et vos objectifs.
Le PER n’est pas une solution pour tous les profils, avant de bloquer votre capital jusqu’à la retraite, échangez avec nos experts pour valider la pertinence de ce placement face à d’autres leviers patrimoniaux (assurance-vie, CTO…). Je réserve mon créneau !
Comprendre le PER : définition, loi Pacte et grandes catégories
Depuis le 1er octobre 2019, le Plan d’Épargne Retraite (PER) est devenu un dispositif de référence pour préparer sa fin de carrière.
Définition simple du PER et objectifs
Le PER est un produit d’épargne à long terme, encadré par le Code monétaire et financier, conçu pour accumuler un capital ou une rente complémentaire pour la retraite. Les sommes que vous y versez sont bloquées jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite ou la liquidation de vos droits.
Son fonctionnement repose sur un double objectif patrimonial :
- Préparer l’avenir : il permet de compenser la baisse de revenus inévitable lors du passage à la retraite (le taux de remplacement moyen en France oscille souvent entre 50% et 75% du dernier salaire).
- Défiscaliser immédiatement : c’est son atout majeur, les versements volontaires effectués sur un PER peuvent être déduits de votre revenu imposable (dans la limite des plafonds en vigueur), générant une économie d’impôt proportionnelle à votre Tranche Marginale d’Imposition (TMI).
Contrairement à l’assurance-vie qui est un couteau suisse disponible à tout moment, le PER est une enveloppe dédiée spécifiquement à l’horizon retraite.
Ce que la loi Pacte a changé depuis 2019
Avant la loi Pacte (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) de 2019, l’épargne retraite était un labyrinthe composé de PERP, contrats Madelin (pour les TNS), Article 83, PERCO, etc…
La loi Pacte a créé un cadre juridique unique pour harmoniser ces dispositifs. Voici les trois révolutions apportées par ce nouveau PER :
- La sortie en capital à 100% : c’était le frein principal des anciens contrats (PERP/Madelin) qui imposaient la rente viagère. Désormais, vous avez le choix total entre rente, capital en une fois, ou capital fractionné (sauf pour les versements obligatoires).
- Le déblocage pour la résidence principale : vous pouvez désormais casser votre PER avant la retraite pour financer l’achat de votre résidence principale.
- La portabilité : vos droits sont transférables d’un produit à l’autre (individuel ou collectif) tout au long de votre carrière, sans frais si le contrat a plus de 5 ans.
Les trois compartiments (individuel, collectif, obligatoire)
Bien que le cadre soit unique, le PER se décline en trois « compartiments » distincts pour s’adapter à la provenance des fonds. Techniquement, un seul PER peut accueillir ces trois types de flux, mais commercialement, on distingue trois contrats :
- Le PER Individuel (PERIN) : c’est le successeur du PERP et du Madelin, il est ouvert à tous (salariés, TNS, sans emploi) sous forme de compte-titres ou de contrat d’assurance. C’est le réceptacle de vos versements volontaires.
- Le PER d’Entreprise Collectif (PERECO ou PERCOL) : successeur du PERCO, il est ouvert à tous les salariés d’une entreprise (sans obligation de souscription). Il accueille l’épargne salariale (intéressement, participation, abondement de l’employeur) et les jours de CET monétisés.
- Le PER d’Entreprise Obligatoire (PERO) : successeur de l’Article 83, il est souscrit par l’entreprise pour tout ou partie des salariés (souvent les cadres) et les versements sont obligatoires (part employeur et part salariale). Attention, les droits issus de ce compartiment ne peuvent sortir qu’en rente viagère.
Comment fonctionne un PER au quotidien ? Versements, gestion et disponibilité
Contrairement aux anciens produits souvent rigides, le PER a été conçu pour s’adapter aux fluctuations de votre carrière et de vos revenus. Il fonctionne comme un réceptacle unique capable d’accueillir tous vos flux d’épargne retraite, tout en offrant une gestion financière adaptée à votre horizon de placement.
Comment vous alimentez votre PER : versements, épargne salariale, transferts
Vous pouvez l’alimenter de trois manières différentes, qui correspondent aux trois compartiments vus précédemment :
Les versements volontaires : vous versez ce que vous voulez, quand vous voulez.
- Libres ou programmés : vous pouvez mettre en place un virement mensuel (ex: 150€/mois) pour lisser l’effort d’épargne, ou effectuer des versements exceptionnels (ex: prime de fin d’année).
- Sans obligation : contrairement aux anciens contrats Madelin, il n’y a pas d’obligation de versement annuel minimal (sauf conditions spécifiques de certains assureurs à l’ouverture).
L’épargne salariale (pour les salariés) : si votre entreprise dispose d’un PER Collectif, vous pouvez y placer :
- Vos primes d’intéressement et de participation (nettes d’impôt si investies immédiatement).
- L’abondement de votre employeur (un cadeau financier de l’entreprise).
- Les jours de repos non pris ou le Compte Épargne Temps (CET), dans la limite de 10 jours par an (exonérés d’impôt et de cotisations sociales, hors CSG/CRDS).
Bon à savoir : vous possédez un vieux PERP qui dort ou un contrat Madelin ? La loi permet de transférer toute cette épargne vers votre nouveau PER. Cela permet de regrouper votre épargne retraite au même endroit pour une meilleure visibilité et de bénéficier des cas de déblocage plus souples du PER.
Comment votre argent est investi : gestion pilotée vs gestion libre
Le PER est une enveloppe fiscale, mais à l’intérieur, c’est un produit financier. Comment votre argent fructifie-t-il ? La loi Pacte a instauré un principe de gestion par défaut pour protéger les épargnants.
La Gestion Pilotée à Horizon (le mode par défaut) : le principe est la sécurisation progressive.
- Quand vous êtes jeune (loin de la retraite) : l’épargne est investie majoritairement sur des actifs plus volatils mais plus rémunérateurs (actions, ETF) pour maximiser la performance.
- À l’approche de la retraite : l’allocation bascule automatiquement et progressivement vers des supports sécurisés (fonds euros, obligations) pour protéger le capital accumulé.
La Gestion Libre : réservée aux épargnants avertis, elle vous permet de choisir vous-même vos supports d’investissement parmi une liste proposée par l’assureur ou la banque (Fonds euros, SCPI, ETF, titres vifs, fonds ISR…). Vous êtes alors seul maître à bord pour piloter le couple rendement/risque.
Blocage de l’épargne et cas de déblocage anticipé (dont résidence principale)
Le principe fondamental du PER reste le blocage des fonds jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite ou la liquidation des droits à la retraite ; c’est la contrepartie des avantages fiscaux.
Cependant, pour rendre le produit plus attractif, le législateur a prévu 7 cas de déblocage anticipé permettant de récupérer son capital avant l’heure.
- L’achat de la Résidence Principale : vous pouvez débloquer votre épargne pour financer l’acquisition de votre logement principal (apport personnel).
- Décès du conjoint ou du partenaire de PACS.
- Invalidité de l’épargnant, de ses enfants, de son conjoint ou partenaire de PACS (catégorie 2 ou 3).
- Surendettement (sur demande de la commission de surendettement).
- Expiration des droits à l’assurance chômage (il faut être en fin de droits, pas simplement au chômage).
- Cessation d’activité non salariée à la suite d’un jugement de liquidation judiciaire.
- Titulaire de moins de 18 ans : une nouveauté de 2024 qui permet une clôture anticipée des PER ouverts au nom de mineurs avant le 1ᵉʳ janvier 2024.
Nuance concernant l’achat de la résidence principale : ce déblocage est possible uniquement pour les sommes issues des versements volontaires et de l’épargne salariale. Les droits issus du compartiment obligatoire (cotisations employeurs/salariés obligatoires) restent bloqués jusqu’à la retraite.
Fiscalité du PER : à l’entrée, pendant la vie du contrat et à la sortie
L’attrait principal du PER réside dans son cadre fiscal unique qui permet, en quelque sorte, de différer l’impôt pour le payer à un moment plus opportun. Voici comment cela fonctionne à chaque étape de la vie du contrat.
À l’entrée : déduction des versements et plafonds
Les sommes que vous versez volontairement peuvent être déduites de votre revenu imposable. Concrètement, l’État finance une partie de votre épargne retraite (plus vous êtes imposé, plus l’État participe).
- Le mécanisme : le versement vient diminuer votre « assiette imposable » et l’économie d’impôt dépend donc directement de votre Tranche Marginale d’Imposition (TMI).
- Le plafond : cette déduction est plafonnée (généralement 10% de vos revenus professionnels de l’année N-1, avec un minimum et un maximum fixés par la loi). Ce plafond est indiqué sur votre avis d’imposition.
Bon à savoir : si vous êtes peu ou pas imposé (TMI 0% ou 11%), vous avez tout intérêt à renoncer à la déduction à l’entrée. Vous ne gagnerez rien aujourd’hui, mais vous bénéficierez d’une fiscalité beaucoup plus douce à la sortie (voir ci-dessous).
Pendant le contrat : capitalisation sans imposition intermédiaire
Contrairement à un Compte Titres Ordinaire (CTO) ou aux livrets bancaires, tant que l’argent reste dans le PER, il n’y a aucun « frottement fiscal ».
- Les dividendes, les intérêts et les plus-values réalisés à l’intérieur du plan sont réinvestis bruts.
- Il n’y a pas de prélèvements sociaux annuels (contrairement aux fonds euros de l’assurance-vie).
Cela permet de faire jouer les intérêts composés à plein régime sur une longue période.
À la sortie en capital : traitement des versements déduits/non déduits et des gains
Au moment de la retraite (ou pour l’achat de la résidence principale), si vous choisissez de récupérer votre épargne sous forme de capital (en une fois ou fractionné), la fiscalité appliquée dépend de votre choix initial à l’entrée.
Cas #1 – vous avez déduit vos versements à l’entrée. L’administration fiscale « reprend » l’avantage donné au départ, mais à un taux plus bas si vos revenus ont baissé à la retraite.
- La part correspondant aux versements : elle est imposée au Barème progressif de l’Impôt sur le Revenu (mais exonérée de prélèvements sociaux).
- La part correspondant aux gains (plus-values) : elle est soumise au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU ou Flat Tax) de 30% (12,8% impôt + 17,2% prélèvements sociaux).
Cas 2 – vous n’avez pas déduit vos versements à l’entrée. Vous ne payez pas d’impôt sur le capital que vous avez versé, car il a déjà été fiscalisé.
- La part correspondant aux versements : exonérée d’impôt et de prélèvements sociaux.
- La part correspondant aux gains : soumise au PFU de 30% (ou option barème).
À la sortie en rente : régime fiscal selon les compartiments
Si vous préférez la sécurité d’un revenu à vie, la fiscalité dépend de l’origine de l’argent :
Pour les versements volontaires (PER Individuel) : la rente est imposée selon le régime avantageux de la Rente Viagère à Titre Onéreux (RVTO) ; seule une fraction de la rente est imposée, selon votre âge lors du premier versement :
- 70 % imposables si moins de 50 ans.
- 50 % imposables entre 50 et 59 ans.
- 40 % imposables entre 60 et 69 ans (cas le plus fréquent).
- 30 % imposables après 69 ans.
Pour les versements obligatoires (PER Obligatoire d’entreprise) : la rente suit le régime des pensions de retraite (Rente Viagère à Titre Gratuit). Elle est imposée comme un salaire, après l’abattement classique de 10%.
En cas de décès : règles de transmission avant/après liquidation
Si le décès survient AVANT la liquidation (pendant la phase d’épargne) :
- Décès avant 70 ans : le capital est transmis aux bénéficiaires avec un abattement de 152 500 € par personne (régime de l’assurance-vie, art. 990 I du CGI).
- Décès après 70 ans : l’abattement tombe à 30 500 € pour l’ensemble des bénéficiaires (art. 757 B du CGI), le reste réintègre la succession.
Bon à savoir : le conjoint survivant ou le partenaire de PACS est toujours exonéré de droits de succession sur le PER, quel que soit l’âge du décès.
Le rôle du PER dans votre stratégie patrimoniale globale
Pour être efficace, le PER doit s’imbriquer intelligemment avec vos autres enveloppes fiscales. Le PER n’est pas le concurrent de l’Assurance-Vie ou du PEA, c’est un complément intéressant pour traiter spécifiquement de l’objectif retraite.
PER, assurance vie, PEA, CTO : qui fait quoi dans votre patrimoine ?
Chaque enveloppe a ses avantages, voici comment les articuler pour une stratégie patrimoniale cohérente :
| Enveloppe | Avantage fiscal principal | Disponibilité | Horizon idéal |
|---|---|---|---|
| PER | Déduction des versements (Entrée) | Bloqué (sauf exceptions) | Retraite (Très long terme) |
| Assurance-Vie | Fiscalité douce après 8 ans (Sortie) + Succession | Disponible | Moyen / Long terme |
| PEA | Exonération d’impôt après 5 ans (Sortie) | Disponible (clôture si < 5 ans) | Moyen / Long terme |
Pour quels profils le PER est-il intéressant ?
Le PER n’est pas une solution pour tout le monde, sa pertinence dépend d’une équation simple : votre Tranche Marginale d’Imposition (TMI) actuelle comparée à celle de votre future retraite.
Le profil « Gagnant » :
- Situation : vous êtes fortement imposé (TMI à 30 %, 41 % ou 45 %).
- Logique : vous déduisez vos versements au taux fort aujourd’hui. À la retraite, vos revenus baisseront probablement, vous faisant basculer dans une tranche inférieure (ex: passage de 41% à 30%).
- Résultat : vous gagnez sur les deux tableaux (économie d’impôt immédiate + impôt plus faible à la sortie).
- Cas spécifique des Travailleurs Non Salariés (TNS) et les professions libérales, qui ont souvent besoin de charges déductibles, trouvent dans le PER un outil sur-mesure.
Le profil « Neutre » ou « Moins adapté » :
- Situation : vous êtes peu ou pas imposé (TMI à 0 % ou 11 %).
- Logique : la déduction à l’entrée est inutile ou très faible et vous bloquez votre argent jusqu’à la retraite sans levier fiscal puissant.
- Alternative : privilégiez l’Assurance-vie ou le PEA qui offrent bien plus de souplesse.
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Les questions les plus posées
Non, c’est terminé. La Loi de Finances pour 2024 a interdit l’ouverture de nouveaux PER pour les mineurs. L’objectif de l’administration était de stopper l’utilisation du PER comme outil de défiscalisation par les parents sur la tête de leurs enfants. Pour un mineur, il faut désormais se tourner vers le nouveau Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC) ou l’assurance-vie, mais sans l’avantage fiscal à l’entrée.
Non. Le plafond de déduction non utilisé est reportable sur les 3 années suivantes. C’est un mécanisme pour les personnes dont les revenus sont volatils (primes exceptionnelles, indépendants). Lors de votre déclaration, l’administration fiscale impute d’abord le plafond de l’année en cours, puis les reliquats les plus anciens (N-3, N-2, N-1).
Oui, c’est ce qu’on appelle la mutualisation des plafonds entre époux (ou partenaires de PACS) soumis à une imposition commune. Vous pouvez additionner votre plafond et celui de votre conjoint (même s’il n’a pas de PER) pour maximiser votre déduction fiscale. Il suffit de cocher la case 6QR sur votre déclaration de revenus 2042.
Votre PER reste ouvert et continue de fructifier. L’expatriation n’est pas un motif de clôture (ni de déblocage anticipé, sauf cas particuliers liés à la cessation d’activité). Vous gardez un pied financier en France et, selon la convention fiscale entre la France et votre nouveau pays de résidence, la fiscalité à la sortie (capital ou rente) peut être plus avantageuse qu’en étant résident français.
Si vous optez pour une sortie en rente, l’assureur peut prélever des frais sur chaque versement de la rente ; un bon PER doit afficher 0% de frais d’arrérages.