Avant même de penser crédit ou compromis de vente, il faut constituer un apport personnel solide — une étape qui conditionne la faisabilité de l’achat, les conditions de financement et le coût total du prêt. Mais où placer son argent pour que cette épargne travaille efficacement, sans prendre de risques inutiles ? Livrets réglementés, assurance vie, PEA, compte-titres… les options sont nombreuses, mais toutes ne se valent pas. Que vous prépariez un premier achat, une résidence secondaire ou un investissement locatif, ce guide vous aide à choisir les meilleurs placements pour financer votre apport immobilier, en fonction de votre horizon et de votre profil.
Sommaire
Les points clés à retenir :
- Un apport solide réduit le coût du crédit et améliore les conditions d’emprunt
- Les livrets réglementés sont sûrs mais très peu performants pour des projets à moyen terme
- L’assurance vie allie souplesse, performance et avantages fiscaux après 8 ans
- Le PEA et le CTO offrent de bons rendements pour les profils dynamiques sur 5 ans ou plus
- Le PER peut être utilisé pour un achat immobilier, avec un avantage fiscal à l’entrée
Pourquoi est-il essentiel de bien choisir ses placements ?
Constituer un apport personnel conséquent n’est pas seulement une étape attendue par les banques : c’est un levier puissant pour optimiser votre projet immobilier. Plus l’apport est élevé, moins vous empruntez — ce qui réduit d’autant le coût global du crédit grâce à une diminution des intérêts. Cela peut aussi améliorer votre profil emprunteur aux yeux des établissements bancaires, qui seront plus enclins à vous accorder :
- un taux d’intérêt plus bas
- des frais de dossier réduits
- une négociation facilitée de l’assurance emprunteur
Mais au-delà du simple calcul financier, bien placer son épargne, c’est aussi se donner les moyens d’agir rapidement. Le marché immobilier est marqué par des évolutions fréquentes : remontée des taux d’emprunt, tension sur l’offre dans certaines zones, politiques fiscales mouvantes (notamment sur les passoires thermiques ou l’investissement locatif). Dans ce contexte incertain, disposer d’une épargne disponible et bien valorisée vous donne un avantage stratégique :
- Vous pouvez réagir vite en cas d’opportunité, sans dépendre d’un délai de validation bancaire trop long.
- Vous limitez le risque de refus de prêt pour “manque d’apport” ou dépassement du taux d’endettement autorisé (35 % maximum selon le Haut Conseil de Stabilité Financière).
Enfin, bien choisir vos supports d’épargne, c’est aussi éviter la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation. En plaçant intelligemment votre argent sur des produits adaptés à votre horizon d’achat (3, 5 ou 8 ans), vous maximisez votre capacité d’achat au moment de concrétiser votre projet.
Quel montant épargner pour concrétiser un achat immobilier ?
On évoque souvent la fameuse “règle des 10 %”, et ce n’est pas un hasard : en France, les établissements bancaires exigent généralement un apport personnel représentant au minimum 10 % du prix du bien immobilier. Cette somme sert à couvrir les frais annexes non finançables par le prêt, notamment :
- les frais de notaire
- les frais de garantie (caution ou hypothèque)
- et éventuellement les frais d’agence
Par exemple, pour l’achat d’un bien à 300 000 €, un apport d’au moins 30 000 € est donc requis, en pratique souvent un peu plus pour sécuriser le dossier. Mais attention : ce n’est pas une règle stricte fixée par la loi, certaines banques peuvent exiger davantage, surtout en période de taux élevés ou pour les profils jugés « plus » à risque.
Au-delà de l’apport, les banques appliquent aussi une autre règle incontournable : le respect du taux d’endettement maximal, fixé à 35 % des revenus nets mensuels, assurance emprunteur incluse. Cette norme, édictée par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), vise à limiter le surendettement et s’impose à la grande majorité des établissements prêteurs.
En résumé, votre capacité d’épargne en amont détermine :
- le montant que vous pouvez emprunter sans dépasser le taux d’endettement
- la taille et la qualité du bien immobilier que vous pouvez viser
- et la capacité à convaincre la banque de vous accorder un prêt dans de bonnes conditions
Livrets d’épargne et PEL : des placements sûrs, mais limités pour un projet immobilier ambitieux
Lorsque l’on commence à épargner en vue d’un achat immobilier, les premiers réflexes mènent naturellement vers les produits d’épargne sécurisés et liquides : livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) ou Plan Épargne Logement (PEL). Bien qu’accessibles et sans risque, ces placements montrent rapidement leurs limites dès lors que l’objectif est de constituer un apport conséquent sur plusieurs années.
Les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) : une solution de départ, mais peu performante
Les livrets réglementés séduisent par leur sécurité, leur exonération d’impôt sur les intérêts et leur liquidité immédiate. Voici un rappel de leurs caractéristiques :
- Livret A : taux à 2,4 %, plafond de 22 950 €
- LDDS (Livret de développement durable et solidaire) : taux à 2,4 %, plafond de 12 000 €
- LEP (Livret d’épargne populaire) : taux à 3,5 %, plafond de 10 000 €
Ces livrets sont idéaux pour se constituer une épargne de précaution ou démarrer son effort d’épargne, sans risque de perte en capital. Cependant, leurs plafonds de versement sont rapidement atteints, et leur rendement reste globalement inférieur à l’inflation sur le long terme.
Autrement dit : ils conservent la valeur de l’argent à court terme, mais ne permettent pas réellement de faire fructifier un capital destiné à un apport immobilier significatif.
Le Plan Épargne Logement (PEL) : discipline d’épargne utile, mais attractivité en berne
Le PEL reste, sur le papier, un outil dédié à l’achat immobilier. Il permet de :
- bénéficier d’un taux de rémunération garanti (2,25 % brut pour les PEL ouverts depuis janvier 2024),
- ouvrir droit à un prêt immobilier à taux fixe (3,45 % pour les PEL récents),
- fixer un cadre de versements réguliers sur 4 à 10 ans, avec un plafond de 61 200 €.
Mais dans les faits, ce placement a perdu en intérêt :
- Les PEL ouverts après 2018 sont fiscalisés (flat tax de 30 % sur les intérêts), ce qui réduit leur rendement net
- Le taux du prêt PEL est souvent moins intéressant que ceux proposés sur le marché libre
- L’épargne est partiellement bloquée pendant les 4 premières années, avec des pénalités en cas de retrait anticipé
En revanche, un ancien PEL ouvert avant 2011 (encore exonéré d’impôt) ou avant 2016 (avec taux de 2,5 % ou plus) peut représenter un atout à conserver.
Assurance vie, PEA, Compte-titres : les meilleurs placements pour valoriser votre épargne immobilière
À condition de respecter votre horizon d’investissement et votre tolérance au risque, certains supports comme l’assurance vie, le Plan Épargne en Actions (PEA) ou encore le Compte-titres ordinaire (CTO) permettent de faire fructifier votre épargne efficacement. Ces solutions s’adressent aux épargnants qui visent un achat dans plusieurs années et souhaitent soit augmenter leur apport personnel, soit réduire la durée ou le coût de leur futur crédit immobilier.
L’assurance vie : un placement souple et performant
L’assurance vie reste le placement préféré des Français, et ce n’est pas un hasard. Ce produit polyvalent permet d’investir à la fois :
- dans des fonds en euros (capital garanti mais rendement faible)
- et dans des unités de compte (actions, fonds, obligations, ETFs etc..), plus risquées mais plus rémunératrices
C’est cette souplesse qui en fait un excellent outil pour préparer un achat immobilier à moyen terme. En plus, l’assurance vie offre un avantage fiscal majeur après 8 ans :
- abattement annuel sur les gains lors des retraits (4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple)
- possibilité de rachats partiels ou totaux sans blocage des fonds
Elle combine ainsi performance, flexibilité de gestion et fiscalité allégée, autant d’atouts précieux pour optimiser votre apport immobilier.
Pour aller plus loin : consultez notre article dédié aux limites des assurances vie en banque si vous souhaitez comprendre pourquoi celles souscrites auprès d’un cabinet de gestion de patrimoine sont un meilleur choix pour votre épargne.
PEA ou Compte-titres : investir en bourse pour maximiser son apport
Pour les investisseurs ayant un horizon d’au moins 5 ans, le Plan Épargne en Actions (PEA) et le Compte-titres ordinaire (CTO) offrent de belles opportunités de valorisation.
Le PEA est limité exclusivement aux actions d’entreprises européennes mais offre une fiscalité avantageuse après 5 ans :
- exonération d’impôt sur le revenu sur les plus-values et dividendes (seuls les prélèvements sociaux de 17,2 % restent dus).
- plafond de versement de 150 000 € (hors PEA-PME).
- attention à la volatilité naturelle des marchés actions.
Le CTO n’a aucune restriction géographique ni plafond de versement. Il permet d’investir dans tous types d’actifs (actions, obligations, ETF, matières premières…). En revanche, les gains sont soumis à la flat tax de 30 % dès le premier euro de plus-value.
Pour sécuriser une épargne destinée à financer un achat immobilier, il est recommandé de gérer activement son exposition aux marchés à mesure que la date d’achat approche.
Bon à savoir : Passer par un cabinet de gestion de patrimoine peut aider à construire une allocation d’actifs cohérente avec vos objectifs et à limiter le risque de perte peu avant l’achat.
Le Plan Épargne Retraite (PER) : un outil intéressant dans certains cas
Principalement conçu pour préparer la retraite, le PER peut aussi être utilisé dans le cadre d’un achat de résidence principale, grâce à une possibilité de déblocage anticipé.
Les versements volontaires sur un PER sont déductibles du revenu imposable (dans la limite du plafond fiscal annuel), permettant une économie d’impôt importante pour les contribuables fortement imposés.
En cas de retrait anticipé pour achat de résidence principale, le capital est imposé comme un revenu, mais les gains sont soumis uniquement aux prélèvements sociaux (et non au barème progressif de l’impôt).
Attention :
- Le PER reste un placement bloqué jusqu’à la retraite sauf dans les cas de déblocage anticipé autorisés par la loi.
- Une mauvaise anticipation fiscale peut entraîner un impact sur l’imposition lors du retrait.
En pratique, le PER peut venir compléter une stratégie globale, notamment pour les jeunes actifs à forte capacité d’épargne, mais il ne doit pas être considéré comme une réserve de liquidité principale pour un projet immobilier à moyen terme.
Pour aller plus loin : nous vous invitons à consulter notre article sur le meilleur choix entre une assurance vie et un PER si vous souhaitez approfondir le sujet.
Accompagnement gratuit
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Les questions les plus posées :
Oui, une donation d’argent (ex : don manuel) peut servir d’apport, et bénéficier d’abattements fiscaux si elle est bien structurée.
Non, elle permet des rachats partiels ou totaux à tout moment, ce qui en fait un placement liquide et très modulable.
Oui, certaines banques acceptent une assurance vie comme nantissement, ce qui peut réduire les frais de garantie classiques.