Comment faire pour optimiser son patrimoine en tant qu’expatrié ?

Vous avez travaillé dur pour bâtir votre patrimoine et, expatriation ou non, pas question de le laisser filer. Le vrai souci, c’est ce flou artistique : est-ce que les règles du jeu changent une fois la frontière passée ? Spoiler : oui, et pas qu’un peu ! Dans cet article, nous dissipons ces doutes ensemble, en regardant précisément ce qui bouge pour vos placements, votre fiscalité et votre immobilier. L’idée est de vous redonner la maîtrise totale de votre argent avec des solutions adaptées à votre nouvelle vie.

Les points clés à retenir :

  • La résidence fiscale ne se limite pas aux « 183 jours » : le foyer et le centre des intérêts économiques priment, et une mauvaise définition expose au risque de double imposition.
  • L’assurance-vie luxembourgeoise : elle offre une neutralité fiscale, une portabilité internationale unique et une protection supérieure des capitaux.
  • L’immobilier « pierre-papier » : contrairement à l’immobilier physique en France, les SCPI investies à l’étranger peut permettre au non-résident d’échapper à l’IFI.
  • Les règles bancaires changent en expatriation : le PEA peut être conservé mais le PER perd son avantage fiscal à l’entrée, et l’accès au crédit immobilier exige souvent un apport d’au moins 20 à 30 %.
  • La protection et la transmission ne s’improvisent pas : couverture santé internationale, testament et régime matrimonial adapté sont indispensables pour éviter l’application de lois locales défavorables.

Quels placements financiers privilégier en expatriation ?

L’erreur classique lors d’un départ est de penser que vos placements français peuvent « dormir » tranquillement en votre absence. En réalité, votre changement de résidence fiscale modifie la donne ; certains produits perdent de leur attrait fiscal, d’autres deviennent des coquilles vides, tandis que des solutions spécifiques aux non-résidents prennent tout leur sens.

Voici comment arbitrer vos enveloppes financières pour construire une gestion de patrimoine pour les expatriés efficace.

Assurance-vie française ou luxembourgeoise : le match fiscal et patrimonial

L’assurance-vie reste le « couteau suisse » du patrimoine, mais le match entre la version française et la version luxembourgeoise est remporté de loin par cette dernière en cas de mobilité internationale.

  • L’assurance-vie française : Elle peut être conservée lors d’une expatriation (sauf vers certains pays aux réglementations spécifiques comme les USA, où elle est fiscalement pénalisante). Cependant, elle reste un produit de droit français, parfois rigide sur les devises (souvent uniquement en euros) et limité en termes de fonds accessibles pour les non-résidents.
  • L’assurance-vie luxembourgeoise : c’est la solution reine pour l’expatrié, elle offre une neutralité fiscale (vous n’êtes taxé que selon les règles de votre pays de résidence, pas au Luxembourg) et une portabilité exceptionnelle. Si vous déménagez de Madrid à Dubaï, le contrat vous suit et s’adapte.

Qui plus est, le Luxembourg donne accès au « Triangle de sécurité » (protection maximale des avoirs), et permet d’investir dans des devises multiples via des fonds dédiés sur-mesure, ce que ne permet pas le contrat français classique.

Le contrat de capitalisation international : l’outil pour optimiser la transmission

Très proche de ce que propose l’assurance-vie, le contrat de capitalisation (en particulier : luxembourgeois) s’en distingue sur un point majeur : il ne comporte pas d’avantage successoral spécifique (pas de clause bénéficiaire) et intègre la succession classique. Cela peut sembler être un défaut, mais c’est un atout puissant pour l’expatrié dans deux cas précis :

  • La transmission et la donation : contrairement à l’assurance-vie, le contrat de capitalisation peut être donné de votre vivant (avec réserve d’usufruit par exemple). C’est un excellent outil pour transmettre un capital à des enfants tout en conservant les revenus, le tout dans un cadre civil maîtrisé.
  • L’investissement via une société : si vous gérez votre patrimoine via une holding patrimoniale ou une société civile, le contrat de capitalisation est l’une des rares enveloppes financières accessibles aux personnes morales, permettant de faire fructifier la trésorerie excédentaire.

PEA et Compte-Titres (CTO) : peut-on les conserver en quittant la France ?

C’est un point sur lequel la réglementation a favorablement évolué, mais où les idées reçues persistent.

Le PEA (Plan d’Épargne en Actions) : bonne nouvelle, le départ à l’étranger n’entraîne plus la clôture automatique du PEA (sauf départ vers un État et Territoire Non Coopératif – ETNC). Vous pouvez donc conserver votre ancienneté fiscale. Toutefois, en tant que non-résident, vous ne pourrez pas ouvrir de nouveau PEA, et les possibilités d’alimentation sont restreintes par les banques. De plus, l’avantage fiscal (exonération d’impôt sur le revenu) est moins pertinent si votre pays de résidence taxe quand même les plus-values.

Le CTO (Compte-Titres Ordinaire) : ce dernier reste totalement accessible aux non-résidents. La fiscalité des dividendes et plus-values sera dictée par la convention fiscale internationale entre la France et votre pays d’accueil.

Vérifiez que votre établissement financier accepte de conserver un CTO pour un non-résident. De nombreuses banques de réseau préfèrent clôturer ces comptes par souci de conformité administrative.

Le PER pour les expatriés : attention à la perte de l’avantage fiscal

Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est un bon outil pour préparer l’avenir, mais son principal argument commercial en France (la déduction des versements du revenu imposable) tombe à l’eau en expatriation.

Un non-résident ne peut plus déduire ses versements volontaires, car il ne dispose plus de revenus imposables en France suffisants (salaires ou pensions) sur lesquels imputer cette déduction.

Le PER reste pertinent si vous anticipez un retour en France et souhaitez bloquer de l’épargne pour la retraite, ou si vous percevez encore des revenus significatifs de source française (revenus fonciers importants relevant du régime réel par exemple, bien que le plafonnement soit spécifique).

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Immobilier et SCPI : investir sans contraintes de gestion

L’immobilier est la classe d’actifs préférée des Français, même à l’autre bout du monde. Pourtant, gérer un bien en direct depuis Singapour ou New York peut vite devenir compliqué. Pour l’expatrié, l’équation gagnante peut résider dans la « pierre-papier » ou dans une structuration locative très encadrée.

SCPI pour non-résidents : rendement, fiscalité et stratégie anti-IFI

La Société Civile de Placement Immobilier (SCPI) est une solution à considérer pour la gestion de patrimoine des expatriés ; vous investissez, la société gère, et vous percevez les loyers nets de frais. Mais toutes les SCPI ne se valent pas une fois passé la frontière.

Le match France vs Europe :

  • SCPI « France » : les revenus locatifs sont imposés en France (revenus fonciers). Si vous êtes non-résident, vous subissez souvent un taux minimum d’imposition (20 % ou 30 %) plus les prélèvements sociaux (selon votre affiliation SS), ce qui peut alourdir la note.
  • SCPI « Européennes » (Allemagne, Pays-Bas, etc.) : grâce aux conventions fiscales, les loyers sont généralement taxés à la source dans le pays de l’immeuble et ne subissent pas de double imposition en France (méthode du taux effectif ou crédit d’impôt).
  • L’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) : en tant que non-résident, vous n’êtes taxable à l’IFI que sur vos biens immobiliers situés physiquement en France. Par conséquent, détenir des parts de SCPI investies à 100 % à l’étranger peut vous permettre de sortir totalement de l’assiette de l’IFI, un levier d’optimisation puissant pour les gros patrimoines.

LMNP à distance : la rentabilité réelle face à la complexité administrative

La Location Meublée Non Professionnelle (LMNP) au régime réel permet, grâce au mécanisme de l’amortissement comptable, de générer des revenus locatifs peu ou pas fiscalisés pendant de longues années.

  • Quand c’est pertinent : si vous visez un rendement net d’impôt élevé et que vous pouvez déléguer intégralement la gestion (résidences services gérées ou mandat de gestion strict). C’est aussi une excellente façon de conserver un pied-à-terre en France qui s’autofinance.
  • Quand ça devient trop lourd : gérer du LMNP à distance demande une rigueur administrative (déclaration fiscale annuelle, CFE, suivi des travaux). Sans un expert-comptable spécialisé et un gestionnaire locatif réactif, la moindre fuite d’eau ou vacance locative peut transformer l’investissement en charge mentale insupportable.

Crédit immobilier non-résident : comment obtenir un financement bancaire ?

Beaucoup d’expatriés pensent qu’un bon salaire à l’étranger suffit pour emprunter en France. La réalité est que les banques françaises sont frileuses face au risque de non-résidence (difficulté de saisir les salaires ou les biens à l’étranger en cas de défaut).

Pour obtenir un feu vert, voici les points que les banques scrutent à la loupe :

  • La domiciliation des revenus : si la banque ne peut pas domicilier vos salaires (ce qui est logique en expatriation), elle perd sa contrepartie commerciale principale. Elle compensera par un taux plus élevé ou une exigence de placements (nantissement d’assurance-vie).
  • L’apport personnel : en tant que non-résident, attendez-vous à devoir apporter au minimum 20 % à 30 % du prix du bien + les frais de notaire. C’est une garantie de votre implication pour la banque.
  • Le pays de résidence et la devise : emprunter en étant résident aux USA (règles FATCA) ou dans un pays à la devise volatile est beaucoup plus difficile qu’en étant résident en zone Euro. Le risque de change est intégré dans le calcul de votre taux d’endettement, réduisant parfois votre capacité d’emprunt théorique.

Les pièges financiers qui menacent l’investisseur expatrié

L’expatriation est un accélérateur de patrimoine, mais c’est aussi un amplificateur de risques. Voici les quatre écueils majeurs qui menacent le patrimoine des non-résidents.

La double imposition et le flou sur la résidence fiscale

C’est le risque numéro un, se retrouver imposé à la fois dans son pays d’origine et dans son pays d’accueil. Ce problème survient souvent lorsque la définition de la résidence fiscale est mal comprise.

Beaucoup pensent à tort que la règle des « 183 jours » est l’unique critère. Or, l’administration fiscale française (via l’article 4 B du CGI) regarde avant tout le foyer (où vivent votre conjoint et vos enfants) et le centre de vos intérêts économiques. Vous pouvez passer 300 jours à l’étranger, mais si votre famille et vos revenus principaux restent en France, vous risquez d’y rester imposable sur vos revenus mondiaux.

Le danger est double :

  • Subir une double imposition par manque d’application des conventions fiscales internationales.
  • Être requalifié fiscalement lors d’un contrôle, avec rappel d’impôt et pénalités, pour ne pas avoir coupé les ponts assez nettement avec la France.

Le risque de change : quand la devise grignote votre performance

Si vos actifs sont en euros mais que votre vie quotidienne et votre retraite future sont en dollars ou en francs suisses, vous exposez votre pouvoir d’achat aux fluctuations des marchés.

  • Le piège : un investissement immobilier en France qui rapporte 4 % par an peut sembler performant. Mais si, dans le même temps, l’Euro perd 10 % face à votre devise de résidence, vous vous appauvrissez en réalité.
  • La solution : ne jamais ignorer la devise de référence. Il est crucial d’aligner une partie de vos actifs sur la devise dans laquelle vous prévoyez de vivre à long terme, ou d’utiliser des stratégies de couverture (hedging) pour neutraliser ce risque.

Protection sociale et transmission : sécuriser l’avenir à l’international

Bâtir un patrimoine à l’international sans protéger ceux qui doivent en profiter est une stratégie incomplète. L’expatriation fait voler en éclats les repères habituels du Code civil français ; sans anticipation, c’est la loi du pays de résidence qui peut s’appliquer par défaut à votre succession ou à votre régime matrimonial.

Santé et prévoyance : combler les carences de couverture hors de France

Avant même de penser rendement, l’expatrié doit penser pérennité des revenus. En quittant la France, vous quittez le cocon de la Sécurité Sociale. Un accident de la vie ou une invalidité à l’étranger peut instantanément engloutir une épargne durement constituée si aucune couverture n’est en place.

  • La santé : ne comptez pas uniquement sur les systèmes locaux. L’adhésion à la CFE (Caisse des Français de l’Étranger) offre un socle de base, mais elle doit presque systématiquement être complétée par une assurance privée internationale (« au 1er euro » ou en complément CFE) pour couvrir les frais réels, surtout dans les pays à forte inflation médicale (USA, Asie).
  • La prévoyance (décès / invalidité) : si vous êtes en arrêt de travail prolongé, qui paie votre loyer ou l’école des enfants ? Vérifiez si votre contrat local prévoit des indemnités journalières. Si ce n’est pas le cas, une prévoyance individuelle est indispensable pour sécuriser le train de vie de la famille.

Succession, régimes matrimoniaux et testaments : éviter le blocage juridique

La mobilité internationale complexifie la transmission. Un contrat de mariage français est-il reconnu en Californie ? Une assurance-vie française sera-t-elle taxée lors d’un décès en Italie ?

  • Le régime matrimonial : depuis 2019, le règlement européen permet une meilleure lisibilité, mais attention si vous n’avez pas de contrat de mariage et que vous résidez plus de 10 ans dans un pays, vous pourriez être soumis automatiquement au régime légal local. Faire un contrat de mariage (ou une déclaration de loi applicable) est impératif avant le départ ou dès l’installation.
  • Le testament international : grâce au règlement européen (Bruxelles IV), vous pouvez choisir, par testament, que la loi de votre nationalité (la loi française) s’applique à l’ensemble de votre succession, évitant ainsi le morcellement ou l’application de règles locales défavorables (comme la réserve héréditaire absente dans les pays de Common Law).
  • Les clauses bénéficiaires : ne laissez pas la clause standard « mon conjoint, à défaut mes enfants ». En contexte international, elle doit être rédigée sur-mesure pour intégrer les spécificités fiscales et éviter les blocages juridiques lors du dénouement du contrat.

Trusts, fondations et donations transfrontalières : l’ingénierie avancée

Pour les patrimoines importants, l’ingénierie patrimoniale offre des leviers puissants, mais qui peuvent se retourner contre vous s’ils sont mal calibrés entre deux pays.

Le démembrement de propriété : très efficace en France pour réduire les droits de succession, ce concept est parfois inconnu ou mal interprété à l’étranger (notamment dans les pays anglo-saxons), risquant de créer une double imposition ou une taxation sur la « valeur de marché » totale.

Les Trusts et Fondations : utilisés dans les pays anglo-saxons pour organiser la transmission, les trusts sont regardés avec une extrême méfiance par le fisc français. Si vous êtes bénéficiaire ou constituant d’un trust et que vous rentrez en France (ou si des biens français y sont logés), la fiscalité peut être punitive (taxation aux droits de mutation à titre gratuit au taux maximum, voire IFI et prélèvements sui generis).

Donations transfrontalières : donner de son vivant est une bonne stratégie, mais attention aux règles de territorialité. Une donation faite à l’étranger peut être taxable en France si le donataire (celui qui reçoit) est résident fiscal français depuis au moins 6 ans sur les 10 dernières années. L’analyse des conventions fiscales est ici obligatoire pour éviter de payer des droits dans les deux pays sans crédit d’impôt.

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Les questions les plus posées

Qu’est-ce que l’Exit Tax et suis-je concerné lors de mon départ ?

L’Exit Tax est un impôt sur les plus-values latentes (non encore réalisées) appliqué au moment du transfert de domicile fiscal hors de France. Elle concerne les contribuables détenant un patrimoine mobilier (actions, parts sociales) supérieur à 800 000 € ou représentant plus de 50 % des bénéfices d’une société.

Dois-je clôturer mon Livret A et mon LDDS en quittant la France ?

Non, contrairement aux idées reçues, vous pouvez conserver votre Livret A et votre LDDS même en devenant non-résident fiscal. En revanche, le Livret d’Épargne Populaire (LEP) et le Livret Jeune doivent être clôturés. Notez que les intérêts du Livret A restent exonérés d’impôt en France, mais peuvent être taxables dans votre pays de résidence selon la législation locale.

La CSG-CRDS sur mes revenus immobiliers français est-elle toujours de 17,2 % ?

Pas nécessairement. Si vous êtes affilié à un régime de sécurité sociale au sein de l’Espace Économique Européen (EEE), de la Suisse ou du Royaume-Uni (post-Brexit), vous ne payez pas la CSG-CRDS classique (17,2 %), mais uniquement le Prélèvement de Solidarité de 7,5 %. C’est une optimisation automatique mais qu’il faut parfois réclamer si l’administration n’a pas l’information.

Comment sont taxées les cryptomonnaies pour un non-résident ?

En principe, les plus-values sur actifs numériques réalisées par un non-résident ne sont pas imposables en France, sauf si elles sont réalisées à titre habituel/professionnel en France. Elles seront taxées dans votre pays de résidence. Attention toutefois si vous faites du « mining » ou du « staking » via des structures situées en France, qui pourraient être qualifiées de revenus de source française.

Les avantages fiscaux type « Pinel » ou « Malraux » fonctionnent-ils encore ?

Non. Les réductions d’impôt (Pinel, Malraux, emploi à domicile) ne sont pas imputables sur l’impôt dû par les non-résidents (sauf cas très rares où la quasi-totalité des revenus est de source française, assimilé résident).

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